Jour 282
Quelle est cette vieille expression que les gens utilisent quand quelqu'un a parlé trop vite ? Ah, oui ! Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué...
Et bien c'est exactement ce que j'ai fait avec Matthieu. Je me voyais déjà jouer à la maman et au papa avec lui, une parfaite petite vie de couple dans la maison qui m'a vue grandir. Un peu comme mes parents, ou mon frère.
J'ai cru que j'allais pouvoir échapper à cette stupide malédiction laquelle je ne croyais pas. Mais finalement, je ne suis pas si différente des autres.
Comme je l'ai déjà dit, cela fait maintenant quelques temps qu'on se fréquentait, Matthieu et moi. Et on a pas attendu trop longtemps avant de faire ce que l'on fait souvent entre adultes consentants. Et ce qui devait arriver arriva. J'ai découvert ce matin que j'étais enceinte. Le gros cliché quoi. Bien sûr que ça allait finir par arriver. On pensait à quoi hein ?
Bref, quand je l'ai annoncé à Matthieu, il n'a pas tout à fait eu la réaction que j'attendais. Mon prince charmant s'est transformé en crapaud à la première difficulté.
Et bien s'il n'est pas capable de faire face à ses responsabilités, je me débrouillerais sans lui. Je ferais ce bébé toute seule. De toute manière, il a été bien clair. Il ne veut pas entendre parler de cet enfant que je lui aurais fait derrière son dos.
Jusqu'à preuve du contraire, il faut être deux pour faire un enfant et l'autre personne rarement simple spectateur. Je ne suis pas la seule fautive dans l'histoire. Sauf que moi, j'assume. Même si je n'avais pas du tout imaginé cet avenir pour moi.
Le point positif, c'est qu'au moins j'aurais de nouvelles histoires à raconter sur scène. Tourner tout ça en dérision me fera du bien et fera peut-être passer la pilule plus facilement.
Et ça m'a permis d'ouvrir les yeux et de voir que Matthieu n'était pas mieux que les autres avant d'être enchaîné à lui pour le reste de ma vie.
À partir de maintenant, je ne tomberais plus aussi facilement dans le panneau.