Jour 101
Si j'ai peut-être perdu Esteban définitivement, il me reste toujours Ned et ma fille, Cassandra. La petite dernière n'est pas encore en âge de comprendre le monde qui l'entoure mais Ned est un petit garçon plein d'imagination qui adore inventer des histoires.
Florent lui a offert une petite table à dessin et il passe ses journées à faire prendre vie à son monde sur des feuilles blanches.
J'aimerai tellement pouvoir retrouver cette part de moi que j'ai perdu en grandissant. Cette innocence avec laquelle il voit le monde est enviable. Je suis jalouse. Il n'a pas encore le point du monde sur ces épaules et il ne voit encore que ses bons côtés.
Pour lui, notre quotidien est normal. Il a été comme ça avant lui et le sera encore après. J'ai eu la chance d'avoir papa pour me raconter la vie d'avant avec d'incroyables détails qu'il tenait lui même de ses parents qui avaient vécu cette vie avant la catastrophe.
Mais plus le temps passe, plus ces détails s'efface dans mon esprit. Tout ce que j'ai à lui offrir ce sont des morceaux de ce qu'il me reste. J'aurait tellement voulu que papa parle de tout ça dans son journal. J'espère que cela sera suffisant pour lui faire réaliser que ce n'est pas le monde qui devrait être. Pour lui donner envie de retrouver tout ce qui a été perdu. Qu'il va devoir se battre pour gagner un semblant de confort et de liberté.
Mais j'avoue où il y a des jours comme hier, où j'ai moi-même plutôt du mal à y croire. Est-ce que nous méritons vraiment ce monde meilleur ?
Est-ce que je mérite encore de vivre dans un monde meilleur ?