Jour 94
Julien a fini par me parler. Et les mots qu'il a prononcés m'ont tétanisée. "Il faut parler à Esteban.»
Bien sûr qu'il fallait lui parler. Il devait bien avoir remarqué que ses parents ne parlaient plus, que son père ne s'approchait pas du berceau de son petit frère.
Mais ça n'en reste pas moins difficile à faire.
J'ai failli et je vais devoir avouer mes fautes à mon fils. Et briser cette image de femme brave, courageuse et honnête qu'il s'est faite de moi.
J'avais peur de briser le lien qui nous unissait, mais je savais que ne rien dire pouvait faire bien plus de mal.
Alors je me suis jeté à l'eau. Julien n'a rien dit, il m'a laissé me débrouiller. Je ne lui en veux pas, c'est entièrement ma faute si j'en suis là.
Quand mes yeux ont croisés ceux d'Esteban juste après ma confession, mon cœur s'est brisé en mille morceaux.
Il avait l'air tellement déçu. Je crois que c'est encore pire que la colère.